Chercheur en sciences politiques, Victor Collet travaille sur les histoires oubliées de l’immigration, de la mémoire des vaincus d’hier au présent des classes populaires, des jeunes des cités, des nouveaux arrivants et de leurs soutiens. Ses engagements politiques l’ont conduit à se pencher particulièrement sur les histoires croisées et les ruptures entre intellectuels, universitaires et militants. Né en 1982, Victor Collet a vécu, mené ses recherches et milité dix ans à Nanterre, des luttes de quartier à la défense des étrangers et auprès des habitants des bidonvilles d’aujourd’hui.
Présentation de Nanterre, du bidonville à la cité, publié aux éditions Agone
Au début des années 1950, Nanterre, communiste depuis 1935 et tardivement industrialisée, comporte encore d’immenses friches, futurs bidonvilles où s’installeront de nombreux immigrés venus d’Algérie, du Maroc et du Portugal. La forte politisation ouvrière, la guerre d’Algérie, la construction de l’université où éclateront les révoltes de Mai 68, l’éloignement du communisme municipal d’avec la toute jeune cause des étrangers, en feront un laboratoire social de l’immigration au cœur du bouillonnement politique et intellectuel des années 1960 et 1970. Aujourd’hui, si le pouvoir municipal a réagencé son discours et ses pratiques auprès d’un électorat largement composé d’enfants de cette immigration, enchaînant commémorations et hommages à leurs pères, de nouveaux bidonvilles se construisent à quelques mètres de là où s’entassaient ceux des années 1950. Et les luttes, grèves, occupations reprennent.
Salle des rencontres – 1e étage