Rencontre avec Joëlle Zask autour de ses livres Quand la forêt brûle : penser la nouvelle catastrophe écologique et Zoocities. Des animaux dans la ville, édités par Premier parallèle en 2019 et 2020.
Incendies en Sibérie, en Californie, en Amazonie, en Australie. Les feux de forêt prennent depuis quelques années une ampleur telle qu’ils en viennent à changer de nature : nous avons désormais affaire à des « mégafeux ». À l’heure de la crise écologique, ils révèlent l’ambiguïté fondamentale du rapport que nous entretenons aujourd’hui avec la nature. Les mégafeux devraient nous pousser à repenser la manière dont nous dialoguons avec une « nature » qui n’est jamais que le résultat des soins attentifs que les êtres humains prodiguent, depuis des millénaires, à leur environnement. C’est cette attention qu’il est urgent de retrouver.
Des renards dans les jardins de Londres, des sangliers dans les rues de Marseille, des léopards dans les artères étroites de Bombay, des coyotes dans les parkings de New York, des kangourous dans les rues de Canberra : repoussés par une campagne chaque jour plus hostile – polluée, rognée par l’urbanisation ou déréglée par le changement climatique – les animaux sauvages s’installent dans les villes. Ils s’y adaptent. Ce phénomène s’accentue. Et si, demain, nous devions les côtoyer au quotidien ?
La ville telle que nous la connaissons a été historiquement pensée contre les animaux sauvages et, plus généralement, contre la nature. Accueillir ces animaux parmi nous paraît impensable. Les rejeter, impossible. Les exterminer, cruel et dangereux pour les équilibres écologiques.
Ce livre propose une expérience de pensée. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle les distances et les espaces rendraient possible la coexistence avec les bêtes sauvages ? Une ville qui ne serait plus pensée contre les animaux, ni d’ailleurs pour eux, mais avec eux ? Comment, en somme, à l’heure des grands bouleversements écologiques, construire une nouvelle arche de Noé ?