Le signe d’égalité placé entre les termes « antisionisme » et « antisémitisme » constitue un véritable déni d’histoire, une forme de révisionnisme qui veut effacer toute trace de la longue tradition juive, religieuse ou séculière, d’opposition à l’idée d’État-nation juif.
Les coordinatrices de l’ouvrage rappellent, documents historiques à l’appui, que l’antisionisme traverse le judaïsme et la judéité, que ceux-ci soient diasporiques ou israéliens.
Le sionisme se perçoit et est perçu comme une qualité intrinsèque à la judéité et inséparable du judaïsme. Ses partisans opposent aux critiques antisionistes une rhétorique invariable : 1. L’État d’Israël est le représentant du judaïsme et le centre de toute vie juive. 2. Négation du caractère juif des Juifs antisionistes accusés d’être dans « la haine de soi ». 3. Le sionisme prétend résoudre le « problème juif » par la « normalisation du peuple juif » à travers la création de son État-nation. 4. Le sionisme se présente comme la seule réponse à l’antisémitisme, et Israël comme le seul garant de la sécurité des Juifs à travers le monde. 5. Le sionisme juge qu’en soutenant le droit au retour des réfugiés palestiniens et la nécessité de « dé-sioniser » Israël à travers les propositions d’un État commun de la mer au Jourdain (État binational ou État laïque de tous ses citoyens), les antisionistes oeuvrent à la destruction de l’État d’Israël.
Les documents publiés ici couvrent une période allant de 1885 à 2019 et font entendre la diversité des voix éminentes qui se sont élevées contre le sionisme – religieuses ou révolutionnaires, libérales ou humanistes – et des espaces où se déploie la pensée antisioniste juive : en Occident, au sein du monde arabe ou musulman, en Israël même.