En partenariat avec Yves Bical d’ARTGO & Cie, café littéraire autour des derniers livres de Nathalie Quintane : Un œil en moins (POL 2018) et Ultra-Proust (Fabrique 2018).
Présentation des ouvrages, lectures, échanges, dédicaces. Café/thé pour tous !
Un œil en moins, POL, 2018
Il n’y a pas de révolte relative, de petite révolte, ni même de révolution défaite ou avortée et, pour reprendre le mot de Rimbaud, il n’y a que des révoltes logiques, exaltées ou effacées ensuite. Ce livre part du mouvement, le mouvement d’il y a deux ans. Nathalie Quintane a voulu dire ce qui se passait parce qu’elle a tout de suite compris qu’on dirait ensuite qu’il ne s’était rien passé au printemps 2016. Mais la chronique (ou le récit) s’est poursuivie au-delà : en Norvège, au Brésil, à Berlin – où la colère, et quelquefois la peur, résonnaient, semble-t-il, de la même façon qu’en France, Paris et province. Au-delà, c’est-à-dire aussi à l’automne 2016, avec le démantèlement de la « jungle » de Calais et ses répercutions, et puis les élections présidentielles, et puis Notre-Dame-des-Landes, et puis, et puis… Ce livre parle du pays, de sa très ancienne myopie, et du paysage flou qu’il s’est mis sous les yeux et qu’il croit être la réalité. Il raconte comment nous fûmes énucléés. Il s’agit donc d’une chronique politique – grave, comique, et Nathalie Quintane l’espère, cruelle. Paul Otchakovsky-Laurens voulait que ce livre, qui ne parle pas de mai 68, paraisse en mai 2018.
Ultra-Proust, Fabrique, 2018
Prenons trois monuments : Proust, Baudelaire, Nerval. Et prenons, dans ces trois monuments, le plus parfaitement monumental et délicat, le plus usé par les baisers désormais séculaires de ses admirateurs : Marcel Proust. Essayons de comprendre comment cette admiration, sous couvert de nous donner Proust, et de nous le donner mieux (à goûter, à apprécier), dans un même mouvement nous le retire, nous en prive. Voyons comment et pourquoi Proust, en son temps, dans Contre Sainte-Beuve, régla violemment leur compte à ceux qui désamorçaient Baudelaire et Nerval, en les qualifiant de poètes « bonhommes », « charmants », et « bien français ». Voyons comment et pourquoi ils ne le furent pas. Voyons en quoi l’excitation sensible en littérature (écrite, lue) n’est pas séparable d’une excitation politique, et comment s’y fabriquent in vivo des biens symboliques inaliénables, sans cesse inventés, des gestes en continuité et en écho avec nos expériences quotidiennes. En s’appuyant sur une lecture précise des chapitres que Proust a consacrés à Baudelaire et Nerval et à leur réception, ainsi que sur l’oeuvre de ces deux poètes, Ultra-Proust entend enthousiasmer la littérature, et nous la rendre comme équipée pour aujourd’hui.