Wynn et Jack descendent le fleuve Maskwa en canoë. Au programme : se détendre, pêcher, arpenter les rapides, dormir à la belle étoile, bref éprouver la nature avec un grand N. Ces deux-là se connaissent bien. Parfaitement. Suffisamment pour connaître le langage secret de l’autre. Leur confiance mutuelle est totale. Le départ d’un feu monstrueux qui provoque la fuite en avant des deux hommes va complètement remettre en question leur équilibre fraternel et ne sera que le début d’une suite de péripéties aussi intenses qu’éprouvantes. Avec une efficacité d’écriture proprement admirable, une maîtrise totale de la narration et de ses rebondissements, Peter Heller signe avec La Rivière un puissant roman d’aventures. Immergé dans un récit aux chapitres relativement courts, alternant des scènes picturales à couper le souffle avec des moments où la violence rattrape la beauté du paysage, le lecteur est le témoin d’un voyage dont nul ne ressortira indemne. On pense évidemment, et fortement, à d’autres œuvres phares qui hantent les mêmes eaux de la culture : "Les aventures d’Huckleberry Finn", "Délivrance" ou encore au magnifique" Gerry" de Gus Van Sant. Sans surlignages ni pathos, Heller évoque - par le biais d’un écologisme discret- l’amitié et la dignité comme derniers remparts de survie et d’humanité. C’est, certes, et souvent, d’une effroyable beauté mais vous auriez tort de ne pas vouloir monter à bord...