Après son magnifique "Apeirogon", récit du lien aussi problématique qu'indéfectible d'un palestinien et d'un israélien ayant chacun perdu un enfant dans l'interminable conflit, McCann revient avec un autre texte tout aussi tragique, relatant les prises d'otages par Daech. Il s'agit toujours de réalité - en l'occurrence de l'enlèvement du journaliste américain James Foley et de son exécution - et l'auteur déploie à nouveau une formidable capacité d'exploration des zones grises : comment peuvent/doivent réagir les proches, en l’occurrence la mère du journaliste Diane Foley. La littérature, plus que toute autre média, a cette capacité de rendre compte de la complexité et donc de rendre le monde plus lisible. Un grand texte dans la meilleure tradition du « journalisme littéraire ». Une manière de faire « effraction dans le réel » selon Emmanuel Carrère.