Lecture musicale de Raphaële Frier, Les Chaises« , Le port a jauni, 2018. Gravures : Clothilde Staës
«Toutes les chaises sur lesquelles je me suis assises, toutes les chaises qui ont compté… les chaises de ma vie». À partir de cette proposition, Raphaële Frier a écrit et Clothilde Staës a gravé, puis nous avons assemblé leurs deux mondes en un recueil de poèmes. Raphaële Frier égrène : sa première chaise haute comme le toit du monde, la chaise d’attente, les chaises longues qui occultent les courtes, car «il y a beaucoup plus de chaises courtes que de chaises longues, on ne dit jamais «chaise courte», on parle volontiers de courte échelle, de courte paille, de jupe courte, de courte-queue et même de court bouillon, mais la chaise courte, on l’oublie !», la chaise de cuisine qui côtoie la farine et les odeurs de graille, la chaise cassée, ou la pliante, des chaises tristes comme celle de l’absent à laquelle elle écrit «Tu es le squelette, l’empreinte de celui qui ne viendra pas, ce soir, Tu es un gouffre hébergeant le néant qui pèse et courbe sa paille, Tu es la trace qu’il a laissée ici» ou des chaises loufoques comme les chaises volantes. Clothilde Staës a gravé neuf fois le même motif et, à l’intérieur, a peint des mondes différents, comme si la même chaise pouvait avoir plusieurs vies. Et votre chaise à vous, quelle serait-elle ?