"La femme qui vous fixe du regard sur le bandeau du livre était une des plus grandes artistes et muses de son époque, Encarnación López Júlvez dite La Argentinata. Elle habite les pages de ce grand roman historique, de ce grand roman d'amour où on côtoie le célèbre torero Ignacio Sánchez Mejías, Federico García Lorca et tous les artistes et intellectuels des années 20 et 30 qui se croisaient dans son appartement madrilène.
Grand roman et non pas livre d'Histoire, ce texte avait besoin d'un héros à sa mesure pour conter une folle époque faite de poésie comme de durs combats. L'autrice introduit donc dès le début du livre le petit Juan, 15 ans, cuisinier gitan aux mains d'or et à la loyauté sans faille. Alors que la solitude de Juan à Paris en l'an 2000 laisse penser à des années bien difficiles, on plonge dans l'effervescence des années 20 en Espagne au moment où les rêves les plus fous étaient encore possibles.
La bibliographie sélective en fin d'ouvrage nous donne une 1re idée de la somme de travail menée par Sylvie Le Bihan pour nous offrir ce texte, 8 ans de documentation passionnée et acharnée, de plongée dans l'univers de la tauromachie, du flamenco, de la politique espagnole et européenne. Pourtant, et c'est là la magie des romanciers, ce ne sont ni l'Histoire, ni la culture espagnole qui prennent le dessus dans ce livre mais la profondeur des sentiments, le tragique de nombreux destins et la beauté d'une plume de plus en plus littéraire. Je me suis attachée à chacun de ses personnages au point de vivre deux jours de lecture en pensant à eux à chaque moment de la journée, me réveillant plus tôt un matin pour les emmener jusqu'au bout de leur histoire avant de me rendre à la librairie."